de Catherine Rihoit
Création 2014
Résumé
Comme à l’époque antique, cette Médée contemporaine erre dans un monde pensé par les hommes.
Harcelée par un mari et une mère aux comportements pervers, elle est considérée comme une ratée.
Au fil de cette comédie on découvre le carcan social qui pousse les personnages à vivre tel des automates emportés par le vent de la technologie.
Si Médée est anormale, c’est qu’elle ne se résout pas à renoncer à la liberté.
L’équipe artistique
Mise en scène : Laetitia Leterrier
Avec : Floriane Jourdain, Anne Dorothée Lebard, Thomas Grascoeur et Touve R. Ratovonndrahety
Costumes : Mélodie Alves
Scénographie : Mélodie Alves et Marin Peylet
Musique : Touve R. Ratovonndrahety
Chorégraphie : Sylvia Maria Alves
La femme est le prolétaire de l’homme
Dramaturgie
La domestication de l’homme contemporain dans une société qui ne veut pas de mouton noir.
Médée, c’est la barbare, la sauvage, la sorcière à l’époque antique… à présent c’est la mal domestiquée, l’inadaptée, la folle, celle qui a des bugs dans le manège sociale. Elle fait tout pour « être normale » mais rien n’y fait, elle est une ratée, elle est en errance dans un monde pensé par les hommes et où elle n’a pas trouvé de place.
« La femme est le prolétaire de l’homme » – Proudhon
Considérée comme mauvaise mère, mauvaise ménagère, mauvaise fille, elle est l’anormale, une sorte de sauvage de notre temps.
Dans cette histoire on découvre Médée sous les yeux de son entourage. C’est une ratée au quotidien mais là ce qu’elle vient de faire dépasse l’entendement, tout le monde l’accuse d’une grande faute et pourtant…
Pourtant au fil de l’histoire on se rend compte que ce n’est peut être pas Médée qui est anormale, peut être qu’elle est normale et que ce sont les autres qui sous leur semblant de normalité ont abandonné ce que Médée ne peut se résoudre de perdre… La liberté.
C’est peut être le monde dans lequel Médée, Jason et Astérodïa vivent qui est finalement barbare, sauvage et ensorcelé. C’est peut être tout à fait sain de ne pas vouloir vivre tel des automates portés par le vent de la technologie.
Le texte – extrait
MÉDÉE – Oui ?
JASON – Médée ?
MÉDÉE – Oui ?
JASON – Les gosses ! Ils sont où?
MÉDÉE – J’en ai marre de ce désordre !
JASON – Les gosses ne sont pas là !
MÉDÉE – Quoi ?
JASON – Je te dis qu’ils ne sont pas là ! Ils ne sont pas dans leur chambre !
MÉDÉE – C’est prêt, on peut dîner !
JASON – Ils sont où ?
MÉDÉE – J’en sais rien !
JASON – Comment ça, t’en sais rien ?
MÉDÉE – Non, j’en sais rien ! Comment veux-tu que je le sache ?
JASON – C’est incroyable, ça ! Absolument incroyable !
MÉDÉE – C’est vraiment dégueulasse, la bière !
JASON – Tu les as encore parqués chez ta mère ?
MÉDÉE – Ça fuit. Faudrait réparer.
JASON – Mais ils sont où, là? Ils sont où?
MÉDÉE – Puisque je te dis que j’en sais rien ! En tout cas ils ne sont pas chez ma mère.
Mise en scène
La mise en scène s’attache à montrer le masque de la normalité sous lequel tous les personnages se cachent plus ou moins bien, de montrer combien ce masque déforme la vérité des êtres. Elle mettra en relief également les moments où les personnages se libèreront du masque et pourront enfin se regarder, se parler, se rencontrer et fort de cela se libérer de l’entrave du monde moderne.
Lorsque les personnages s’animent avec le masque, ils se parleront vers le quatrième mur comme coupés de la relation à l’autre, comme virtuels et d’autres fois ils sortiront de cette prison de l’être pour prendre vie.
Scénographie
Elle sera évolutive, tissée tout à la fois du décor, de la lumière et du son. Au départ c’est un espace grillagé où les personnages sont séparés par des zones d’ombres comme posés sur scènes tel des mannequins des vitrines de magasins de mode. A la fin, l’espace est unique dans un environnement quotidien. Tout au long de cette évolution la musique vient habiter dramatiquement l’espace des mots et des émotions.